lundi 23 mars 2015

Une « Surprise » de modernité

(Critique de Gayané qui n'arrive pas à publier sur le blog)

Un plateau presque vide composé d’une seule estrade avec deux petites maisons sur celle-ci et un chemin en gravier blanc voici comment démarre cette pièce intemporelle interprétée par Luc Bondy. Il nous offre à travers ce décor moderne une toute nouvelle vue de ce texte vieux de 300 ans mais qui n’a pas pris une ride. C’est l’histoire, bien connue,  d’une marquise endeuillée et d’un chevalier abattu par un chagrin d’amour qui découvre l’évidence des sentiments qu’ils partagent l’un envers l’autre.

Luc Bondy a donné une nouvelle vision des personnages qu’on pensait inchangeable. Lisette (jouée par Audrey Bonnet) est, dans la pièce, une jolie rousse avec une coupe au carré et une robe courte blanche avec des talons aiguilles que l’on entend dés le début de la pièce. Elle contraste avec la Marquise (interprétée par Clothilde Hesme) qui est habillée d’une longue robe noire, les cheveux en bataille  qui marquent son désespoir et sa tristesse. La différence que l’on peut souligner par rapport à la mise en scène de Marivaux est que la relation entre ces deux personnages est beaucoup moins mise en valeur dans la mise en scène de Luc Bondy. C’est un choix qui laisse plus de place au couple marquise-chevalier.  Micha Lescot donne vie au Chevalier avec beaucoup de grâce et de légèreté. A travers des déplacements et des mimiques gênées on perçoit que le chevalier est mal à l’aise face à la marquise, ils ne se regardent presque jamais dans les yeux, parlent par des intermédiaires (souvent leurs serviteurs). Ont-ils peur de retomber amoureux après les tragédies vécues ?

Bondy marque aussi une différence quand à l’âge des comédiens, seuls Hortensius et le Comte sont âgés. Cela insiste sur le fait de distinguer deux groupes de personnes, ceux qui réussiront à vivre leurs amours (les jeunes) et ceux qui malgré l’envie n’y parviendront pas (les plus âgés). Ils actualisent aussi la pièce avec un langage plus contemporain : le terme « butor » employé par Lisette est remplacé par « andouille » par exemple.

Les lumières jouent un rôle très important dans cette mise en scène, un cadre lumineux faisant le tour tel une arche du plateau change de couleur au fur et à mesure que la pièce avance. C’est un décor évolutif, plus on s’approche du dénouement, plus les lumières diminuent, plus les maisons se rapprochent,  jusqu’au noir final.

Cette fin au ton tragique différente de celle a laquelle on s’attend ajoute du moderne à la mise en scène. En effet, les protagonistes sont agenouillés, à terre, triste alors qu’ils viennent de décider de se marier. C’est un paradoxe choisi par Luc Bondy qui à travers le langage et la mise en scène arbore une toute nouvelle vision de cette pièce datant de plusieurs siècles, qui est pleine de génie et de modernité.

1 commentaire:

  1. Bon travail. Intéressant et agréable à lire.
    "La différence que l’on peut souligner par rapport à la mise en scène de Marivaux est que la relation entre ces deux personnages est beaucoup moins mise en valeur dans la mise en scène de Luc Bondy. C’est un choix qui laisse plus de place au couple marquise-chevalier." : pas clair du tout. Que veux-tu dire ? Par ailleurs, c'est le TEXTE de Marivaux, non sa mise en scène.

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