samedi 21 février 2015

Une troisième surprise de l'amour ?

Deux personnages, une Marquise et un Chevalier, se découvrent et se rapprochent. Comment passe t-on de "parfaits inconnus" à "amoureux" à travers une communication par la blessure ?
Avec comme support La Seconde Surprise de l'amour, une pièce de Marivaux créée en 1727, Luc Bondy nous présente, en 2008, une mise en scène à l'image du titre de la pièce mais ancrée dans le monde contemporain.

"Ah !"
Nous sommes accueillis, au théâtre d'Angers, par des soupirs de la Marquise et de Lisette. Une jeune veuve inconsolable, à plaindre et en pleurs après avoir perdu son mari, mort deux mois après leur mariage. Cette Marquise, exagérant tout de même dans ses gestes . Par exemple, elle se déplace à quatre pattes pour fuir Lisette  : est ce là une attitude digne d'une Marquise ?. Elle est vêtue à l'image de son deuil, d'une longue robe noire et est suivie de sa servante dynamique Lisette. Dévouée, malicieuse et très contemporaine avec sa petite robe blanche, ses collants noirs et ses talons aiguilles, ce personnage à l'image de  notre époque dirige le spectacle et est omniprésente.
Viendront ensuite Lubin, le valet du Chevalier, drôle et tout aussi malicieux que Lisette ; le Chevalier, un personnage jeune, malheureux de voir sa bien-aimée se réfugier au couvent mais pas à l'image d'un Chevalier d'après moi, avec son comportement exagéré, agaçant, assez maladroit et enfantin : il se ronge les ongles, pleure beaucoup et boude ; Hortensius, un homme assez âgé aux cheveux longs et très barbant d'après Lisette ; et le Comte, vieux mais moderne, qui fait tout pour plaire à la Marquise.
C'est avec ces personnages modernes de par leurs costumes, leurs gestuelles, et un langage plus contemporain notamment avec notre fameuse Lisette qui parle comme elle parlerait à n'importe qui et se permet donc d'insulter, que l'on nous offre le spectacle de Luc Bondy. Sur une scène avec un décor gris bleuté, un éclairage sombre et une structure de néon, cet espace froid et triste pourrait nous faire penser au deuil et à la peine de la Marquise ou à la relation de cette dernière avec le Chevalier, basée sur l'amitié, les malentendus, la blessure et enfin l'amour. Le décor mouvant, avec le chemin sinueux de gravier qui s'efface progressivement et nous montre qu'on s'approche de la fin de la pièce, les refuges du Chevalier et de la Marquise qui se rapprochent ou s'éloignent au gré de leurs sentiments, l'orage qui annonce une péripétie, nous captive tout le long de la comédie.
On assiste aussi à de nombreux mouvements de la part des vifs personnages : l'un se déplace en vélo, d'autres montrent leurs chagrins en s'allongeant et en s'accroupissant, et on retrouve même la Marquise sous le parquet en bois. Une chorégraphie est ainsi mise en scène.
La mise en scène de Luc Bondy conserve les mots de Marivaux : on verra, comme toujours, le couple de valets devance celui des maîtres dans leur histoire d'amour : en effet, Lubin fait sa déclaration d'amour à Lisette dès le début de la scène 2 de l'acte II et les deux valets mettent alors en place un stratagème afin d'unir leurs maîtres et ainsi pouvoir se marier alors que la Marquise et le Chevalier ne s'avouent leur amour qu'à la fin de la pièce mais aussi à travers leurs costumes et leurs physiques car Lubin et Lisette sont bien portants et portent des couleurs plus vives que le Chevalier et la Marquise, l'air tristes .
Cependant, le dénouement présenté est assez triste par rapport à ce que à quoi on s'attendait : la pièce se clôt brusquement à la tombée la nuit, la scène est sombre et c'est le public qui est désormais éclairé.

Le spectacle est une réussite de Luc Bondy qui parvient à garder, même si ce n'est pas en intégralité, l'esprit de Marivaux tout en nous surprenant, une troisième fois, avec la modernité et l'originalité de la mise en scène. Il modernise donc La Seconde Surprise de l'amour selon Baudelaire, en trouvant un équilibre entre  ce qui est à la mode et ce qui relève du 17ème siècle.

4 commentaires:

  1. Bon ensemble, qui pourrait gagner en profondeur d'analyse (cf. 1e remarque ci-dessous) mais aussi en organisation. Attention, quand tu reprends des éléments de docs, à bien les relier à ta propre analyse pr que tout soit clair (par ex : "La mise en scène de Luc Bondy conserve les mots de Marivaux : on verra, comme toujours, le couple de valets devance celui des maîtres dans leur histoire d'amour". Expliquez ce que cela signifie.)

    "C'est avec ces personnages modernes de par leurs costumes, leurs gestuelles, et leurs langages que l'on nous offre le spectacle de Luc Bondy." En réalité, tu as analysé les costumes, mais pas assez les gestuelles et pas du tout le langage.
    "ces deux personnages se câlinent, s'embrassent tout au long du spectacle" :pas d'accord. Au contraire, ils sont bien loin l'un de l'autre.

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    1. J'ai essayé de corriger mon travail. Pour l'organisation, dois je commencer par parler du décor ?

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  2. D'accord, c'est mieux :)
    Ce n'est pas un "script" de Marivaux mais une intrigue, un esprit, ...
    Enlève les parenthèses.

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