lundi 16 février 2015

Lecture analytique - Acte I, scène 1 (bis)

Marivaux, La Seconde Surprise de l'amour : acte I , scène première (groupe B)

Membres du groupe :  Aita SYLLA, Fêmi Galiba, Moctar Tall, Alexandre Kohou


Problématique choisie : En quoi la scène d'exposition est-elle celle d'une comédie ?

Plan:
I/ Introduction de la pièce.
a-présentation de l'intrigue in media res
b-présentation des personnages

II/ Procédés comiques.
a-comique de mot
b-comique de caractére
c-comique de situation.


 Introduction:
 La Seconde Surprise de l'amour est une comédie en trois actes en prose de MARIVAUX, créée en 1727. Nous allons nous intéresser à la scène première de l'acte I,la scène d'exposition. Cette scène d'exposition  présente deux protagonistes : La Marquise, une veuve dévastée par la mort de son mari et Lisette, sa servante qui essaye de la consoler.

 Il s'agit de se demander en quoi cette scène d'exposition est celle d'une comédie.

 Premièrement, nous verrons que cette scène est une exposition et ensuite nous verrons que le spectateur est immédiatement renseigné sur le genre de la pièce grâce à l'utilisation de differents procédés comiques.


I/C'est une scène d'exposition de comédie car elle introduit la pièce 

a-PRESENTATION DE L'INTRIGUE in media res, cad au beau milieu de l'histoire

---- Situation de La Marquise présentée par elle-même :  "épouser ce que l'on aime,ce qu'il y a de plus aimable au monde,l'épouser et le perdre un mois après" p146
→on sait que la marquise est triste car elle a perdu son mari aprés un mois de ménage
→Spectateurs situés par rapport à l'intrigue, bien qu'on y aie pas assisté dès le début

---- Monsieur le Chevalier a envoyé son valet pour prévenir qu'il rendra visite à Madame La Marquise : " Mais voici, je pense, un domestique de Monsieur le Chevalier. C'est ce valet de campagne si naïf, qui vous a tant diverti il y a quelques jours. " , " Que me veut son maître ? Je ne vois personne." p151-152
→ ce passage devient l'amorce de l'intrigue: une des fonctions de la scène d'exposition est remplie

--- On ne dit pas tout: même si l'on possède les premiers éléments pour la compréhension de l'intrigue la scène d'exposition a pour rôle de ne pas trop nous en dire...
-->l'exposition prend fin à l'arrivée de Lubin (valet du chevalier) : l'intrigue débute
-->Fonction d'une scène d'exposition : présenter l'histoire.

b- PRESENTATION DES PERSONNAGES 

---Le spectateur est renseigné sur les caractéristiques sociales et psychologiques des personnages:

---Lisette,entremetteuse, voulant sortir sa maitresse de la tristesse : " Et c'est à ceux qui vous aiment à vous secourir dans cet état-là ; je ne veux pas vous laisser mourir de chagrin." p147
 Elle veut aussi permettre a sa maîtresse de se changer les idées en lui redonnant le goût a la coquetterie "allons,Madame mettez-vous là que je vous ajuste" p149 : elle pourra refaire sa vie

---- La Marquise: héroine de la pièce, est nommé dès la première réplique.
On sait par cette scène d'exposition qu'elle est veuve, attristée par la perte de son mari après un mois de mariage: "après deux ans de l'amour le plus tendre,épouser ce que l'on aime,ce qu'il y a de plus aimable au monde,l'épouser et le perdre un mois après" p147
→ Deux personnages typiques de la comédie classique: Un haut placé dans la société, ici la Marquise, et son serviteur, cas échéant Lisette.

II/ C'est la scène d'exposition d'une comédie car le spectateur est immédiatement au courant du genre de la pièce grâce a l'utilisation de procédés comique.

a-COMIQUE DE MOT

---La Marquise utilise un langage très soutenu de précieuse: formes d'exagération dans ses propos "... je dois soupirer toute ma vie" ,"j'ai tout perdu..","moi qui ne vis presque plus que par un effort de raison..." p148
→Marivaux choisi ce personnage et ce langage pour faire une satire légère de l'aristocratie française, rendre la pièce comique. La Marquise :ridicule par son langage.

--- Lisette (servante typique de comédie car enjouée, rusée) essaye de quereller sa maitresse à travers ces propos pour l'empêcher de penser à sa tristesse et de s'apitoyer sur son sort :  " Moi ? De rien : vous soupirez, je prends cela pour une parole, et je vous réponds de même. " p 146 , " Eh bien, cela distrait toujours un peu : il vaut mieux quereller que soupirer. "  p147

---Lisette fait comprendre à sa maîtresse qu'elle est ridicule dans sa peau de "martyr" : " Comment donc par un effort de raison ? Voilà une pensée qui n'est pas de ce monde ; mais vous êtes bien fraîche pour une personne qui se fatigue tant. " (opposition entre "fraîche" et "se fatigue") p148

--- Lisette utilise la flatterie pour ensuite demander à sa maîtresse de se laisser "chouchouter" : " Ah çà, Madame, sérieusement, je vous trouve le meilleur visage du monde " , " vous n'étiez pas si belle / je vous conseille de batailler toujours contre la vie ; cela vous réussit on ne peut pas mieux. " - " je suis d'avis de vous arranger un peu la tête " p149



b-COMIQUE DE CARACTERE

---Lisette suit, poursuit sa maîtresse (didascalie"derrière elle") p145
Elle réplique toujours: la scène en devientcomique car elle donne au spectateur l'image d'un débat entre soeurs
Même idée au début de la scène lorsqu'elle soupire juste  après La Marquise, bien qu'elle n'ait pas de raison de soupirer.
Paroles de Lisette inverses à celles de La Marquise :"Je vous prie,Lisette, point de plaisanterie..." p148 --> confirmation que La Marquise ne supporte plus que Lisette ait réponse a tout, même si à la fin c'est ce caractère bavard qui aura raison de la tristesse de la Marquise.
→Opposition entre son attitude du début et de la fin de la scène.

---La Marquise dit "J'ai tout perdu, vous dis-je" et Lisette répond "Tout perdu! Vous me faites trembler: est-ce que tous les hommes sont morts?"p148. Lisette,toujours dans son rôle d'entremetteuse (cad qqn qui sert d'intermédiaire pr marier hommes et femmes),veut faire comprendre à La Marquise que sa vie n'est pas fini et qu'il y a encore des hommes qui veulent la courtiser.

---la confrontation et l'opposition de caractére et de pensée des deux personnages est comique,car elle sont majoritairement tout le temps en contradiction "cela ne fait qu'augmenter leur tristesse"/"ma tristesse me plaît".p146

---Attitude très raffinée de La Marquise, à l'inverse de Lisette, c'est une précieuse ridicule ds son langage, elle vient de l'aristocratie et cela est ressenti par le spectateur: on observe une certaine forme de grandeur et de prétention dans son attitude : " ... qu'ai-je besoin d'être mieux que je ne suis ? " p150

-- La Marquise : femme triste qui vient de perdre son mari " les personnes affligées ne doivent point rester seules, Madame. " p146
Elle ne cherche pas a changer sa situation de tristesse, au contraire " Ma tristesse me plaît. " p146, "À moi, qui ne veux plus m'occuper que de ma douleur ! moi, qui ne vis presque plus que par un effort de raison ! "  p148 Elle se complaît dans sa tristesse.

---le procédé classique de consolation échoue, mais l'ironie sort la Marquise des abîmes:
"Voyons donc, car il faut bien que je me débarasse de toi. - Ah ! Je respire, vous voilà sauvée [...]" p151
Lisette sarcastique dit à la Marquise qu'elle n'a jamais été aussi belle, et c'est ainsi que La Marquise se reprend et se met à plaisanter avec Lisette qui s'en verra soulagée.

c- COMIQUE DE SITUATION 

---La Marquise, change complètement d'avis en quelques répliques,elle a un sentiment de "dégoût" pour toutes coquetteries mais cela ne dure qu'un instant "Je ne me pique plus,ni d'agrément,ni de beauté" p150/"donne le miroir,tu as raison,je suis bien abattue" p151
→on constate donc que la marquise se contredit ce qui renforce le comique de la scène  d'autant plus qu'elle commence à réagir lorsque Lisette l'averti qu'elle s'en va: "Madame, la toilette s'en va, je vous en avertis. -Mais, Lisette, je suis donc bien épouvantable ?"p 150-151

---Lisette au début de la scène suit La Marquise alors que celle-ci ne le lui a jamais demandé:"mais qui est-ce qui vous a dit de me suivre?"/"vous m'appelez,je viens..."/Je vous ai appelée moi?"p146. Ce moment renforce le comique de la scène car elle a un comportement moqueur envers cette dernière.

--Même si Lisette donne l'image d'un enfant qui débat avec sa mère ( ou de deux soeurs qui débattent ensemble ), son rôle est en fait inversé. C'est Lisette, "l'enfant" qui cherche à consoler La Marquise et qui guide celle-ci,"la mère" ou la grande soeur. "Pardi il faut bien se servir de sa raison dans la vie et ne pas quereller les gens qui sont attachés à nous"

--Conjonction d'évènements: lorsque La Marquise dit qu'elle à perdu son mari après seulement un mois de mariage, Lisette répond "Je connais une dame qui n'a gardé son mari que deux jours: c'est cela qui est piquant."p148 -->comique car Lisette essaye de réconforter La Marquise en lui montrant que sa situation n'est pas la plus désespérée mais La Marquise ignore son commentaire.

CONCLUSION :
On peut donc en conclure que cette scène d'exposition est bien celle d'une comédie.
 Elle présente deux personnages qui s'opposent par leurs caractères mais qui sont complémentaires, La Marquise et Lisette. Elle nous plonge aussi immédiatement dans l'action de l'intrigue: la veuve qui vient de perdre son mari et la suivante qui est là pour la sortir de cette situation de tristesse. Le comique de la scéne est souligné par plusieurs procédés,on fait place a un comique de mot, un comique de caractère et un comique de situation.
" Oh ! tu m’ennuies : qu’ai-je besoin d’être mieux que je ne suis?Je ne veux voir personne ", cette réplique de La Marquise prèsente dans la scène d'exposition est l'amorce de l'intrigue. En effet ,La marquise croit ne pas vouloir aimer le Chevalier ,mais c'est faux, et Lisette va tout faire pour qu'elle s'en rende compte.Cette réplique peut donc être mise en relation avec la scène 7 de l'acte I, la première rencontre entre La Marquise et Monsieur le Chevalier.



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