samedi 21 février 2015

Lecture analytique - Acte II, scène 7 (bis)

Marivaux, La Seconde Surprise de l'amour : acte II , scène VII (groupe H)

Membres du groupe : Raki Sy ; Gabriel Gaffari ; Tidiane Guèye ; Mamadou Touré


Problématique choisie : En quoi cette scène est-elle au coeur de l'intrigue ?

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Introduction :

-Le texte soumis à notre étude est: scène VII de l'Acte II -  La Seconde Surprise de l'amour---> comédie de Marivaux composée de trois actes, et représentée pour la première fois le 31 décembre 1727.

-Marivaux: écrivain français (né le 4 février 1688 à Paris): écrivain passionné par la comédie théâtrale appartenant au mouvement des Lumières.

-Cet extrait se concentre essentiellement sur l'évolution des sentiments de chaque personnage et regroupe toute la tension et le suspens de la pièce.

(prob) Ce pourquoi nous nous demanderons en quoi cette scène est au coeur de l'intrigue

(Plan)-Pour se faire, nous étudierons dans un premier temps, le fait que cette scène présente un amour caché au coeur de l'intrigue puis en second lieu les éléments déclencheurs du début du dénouement de l'intrigue.


Partie I - Un amour caché au coeur de l'intrigue

A) La relation entre La Marquise et le Chevalier

- Un amour dissimulé/ silencieux :

 * Emploi du conditionnel présent lorsqu'ils s'adressent l'un à l'autre/demandent quelque chose:  «que diriez-vous?... Je dirais que vous seriez jaloux»(p.212 l.2), «Pourquoi me fâcherais-je» (p.212 l.10-11). Ce temps sert à atténuer une demande--> renforce idée de dissimulation des sentiments.La Marquise veut a tout prix que le chevalier révèle ses sentiments.

 * Phrases remplies de suppositions, implicites, lourdes de sens, (p 209) «Vous l'écoutiez donc quand elle vous parlait; écoutez moi-donc aussi», La Marquise ---->à la place d'Angélique,de plus le Chevalier essaie de faire avouer à la Marquise l'amour qu'elle éprouve pour lui a travers des suppositions (p 210) «... j'admire la peine que vous prenez pour me cacher vos sentiments.»

 * Le Chevalier se soucie que La Marquise lui en veuille : «est-ce que vous êtes fâchée contre moi ?»(p212 l8-9).Il ne veut guère que celle ci soit en colère, donc il essaye de la calmer "tout ceci n'est que conversation et je serais au désespoir de vous chagriner"

 * Les deux personnages se posent mutuellement beaucoup de questions----> se cachent des choses mais notamment à eux-mêmes.En effet, La Marquise étant veuve cache ses sentiments à l'égard du Chevalier (p212) "Contre vous, Chevalier, non, certes, et pourquoi me fâcherais-je ?", (p212) "Que parlez vous d'injure ? où est-elle ?"

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 * Les sentiments sont gardés sous silence: didascalie du Chevalier «d'un air embarrassé» (p.212) ; La Marquise - «Je dirais...que vous seriez jaloux» (p.212 l.2) --> réponse de La Marquise à la question du Chevalier --> les points de suspension marque une hésitation dans sa réponse, laisse supposer qu'elle ne lui dit pas tout.

- La jalousie entre ces deux personnages :

 * La  Marquise souhaitait que Le Chevalier soit jaloux: Le Chevalier-«...me  pardonneriez-vous ce que vous haïssez tant?» La Marquise-«Vous ne  l'étiez donc point?... je l'avais bien prévu» --> répond par une  autre question, saute aux conclusions = frustration maladroitement  dissimulée.

B) La relation entre Le Comte et le Chevalier en parallèle avec celle de La Marquise et Le Comte.

- Sentiment d'hypocrisie du chevalier envers le comte :

 * Le Chevalier fait ressentir une certaine hypocrisie au début de la scène à l’égard du Comte (p206) "J'ai cru d'ailleurs que monsieur le Comte... et cela me tranquillisait.", (p207) "

 * Le Chevalier fait semblant devant la Marquise d'entretenir une grande amitié avec Le Comte ----> mépris et hypocrisie (p207) "Monsieur le Comte et son mérite m'ennuie". (Le Chevalier marmonne ces paroles à l'écart des autres personnages.)

- La rivalité entre Le Comte et Le Chevalier :

 * Rivalité dissimulée: Le Chevalier «Je le crois même d'un esprit très propre à consoler ceux qui ont du chagrin» (p.207 l.3-4) fait "l'éloge" de ses qualités afin de masquer ses réels sentiments à son égard.

 * Opposition entre ce qu'il dit et pense réellement: (p.207 l.15) Le Chevalier dit «à part» d'après la didascalie «Monsieur le Comte et son mérite m'ennuie» --> montre qu'il n'aime pas autant le Comte qu'il essaie de le faire paraître.

 * Lorque la Marquise parle du Comte au Chevalier, ses réponses sont brèves, répliques courtes (d'une phrase) aux p.206-207, «Oui, Madame.»; «Il est des miens aussi» celles ci montrent son agacement vis à vis des discussion axées sur le Comte.

 * Le Chevalier perd patience car La Marquise ne parle que du Comte, il le lui fait savoir, sans pour autant montrer que ça le dérange ,"Madame, on a parlé d’une lecture, et si je croyais vous déranger je me retirerais".

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-Exploitation rusée de l'amour du Comte envers La Marquise ;

 * La Marquise parle du Comte au Chevalier tout en examinant sa réaction comme le montrent les didascalies suivantes : "examinant le Chevalier" p206 et "le regardant toujours" p207

 * Dans cette même conversation, elle demande constamment au Chevalier son avis : "qu'en dites-vous" p 207, on pourrait dire qu'elle le teste afin de pouvoir en jauger ses sentiments.

 * Le Chevalier fait savoir en quelque sorte à la Marquise qu'elle est amoureuse du Comte : quand elle lui annonce que le Comte l'aime, il dit ironiquement «Vous l'ignorez» (p208); il dit ensuite : «Le Comte est un amant, vous m'aviez dit que vous ne les aimiez point : mais vous êtes la maîtresse»(p209)

Partie II - Les éléments déclencheurs du début du dénouement de l'intrigue

A) La relation entre Lubin et Lisette

- Influence des confidents sur leurs maîtres :

 * Lubin et Lisette sont des amants, pour que leur relation aboutisse il faut que celle du Chevalier et de La Marquise ait lieu, ils ont notamment une influence très forte sur leurs maitres car ce sont leurs confidents les plus proches.

 * De plus, Lisette est impliquée dans la relation entre La Marquise et Le Chevalier : La Marquise lui demande «Trouvez vous cet homme-là jaloux, Lisette ?» p 207

 * Lisette "joue le jeu" pour établir cette relation : comme le montre la 3e réplique de la marquise p209 : " Lisette vous a prié de me parler pour le Comte, vous ne l'avez point voulu ". Lisette influence donc sa maitresse pour que cette relation ait lieu afin de pouvoir mener tranquillement sa relation avec Lubin.

 * Au final on peut en déduire que le dénouement des relations amoureuses de la pièce est en grande partie entre les mains des deux valets.

- Quasi absence des valets dans la scène :

 * En opposition à leur impact important sur l'intrigue de la pièce, les deux valets sont quasiment absent tout au long de cette scène VII, Lubin (p206) "..s'enfuit" et Lisette s' en va sur demande de La Marquise (p208) «Retirez vous,....», cela est certainement fais exprès afin de laisser un moment d'intimité entre La Marquise et le Chevalier. + fait que, dans la pièce, les absents ont bcp d'influence (ici les serviteurs + marquis défunt et Angélique)

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B) Le début du dénouement de l'intrigue : la fin de la scène.

- Une scène représentative :

 * La fin de la scène est la partie la plus représentative du début du dénouement de l'intrigue /au milieu de la pièce : ce qui précédait cette scène correspondait à la mise en place de l'intrigue, et ce qui suivra correspond au dénouement. Elle représente donc une sorte de point de ralliement entre les deux parties de la pièce.

- Les sentiments sont presque dévoilés :

 * D'une part, c'est le début du dénouement de cette intrigue amoureuse. La Marquise finit par dire au Chevalier qu'il est jaloux «je dirais que vous seriez jaloux» (p.212 l.2). De plus, elle essaye de voir si le Chevalier est vraiment amoureux, à travers une proposition de Lisette au Chevalier : «comme elle a cru que vous me conveniez elle vous a proposé ma main» (p 211, L.8) ou «Malgré nos conventions, votre coeur aurait pu être tenté du mien» (p211, L.20).

 * Les sentiments ne sont pas tout à fait dévoilés, les deux personnages prétendent avoir perdu leur force d'aimer :le Chevalier l'annonce à la Marquise «depuis que j'ai perdu Angélique, j'oublierais presque qu'on peut aimer» (p213 l.1-2) ; puis, La Marquise fait de même : «pour moi j'en parle sans m'en souvenir» (p213 l4). Celle-ci dit antérieurement : «D'ailleurs  que vous ayez de l'indifférence ou de la haine pour moi, que m'importe ? j'aime bien mieux cela que de l'amour» (p212, L.19-21). Elle essaie ainsi de dissimuler ses sentiments, et renie son implication à propos de la proposition amoureuse que Lisette a faite à sa place. Tout cela montre que c'est encore le début du dénouement de l'intrigue.

Conclusion :

Pour conclure, on peut dire que:

    - cette scène VII de l'acte II est au coeur de l'intrigue car d'une part, elle laisse paraître les différentes relations entretenues entre les personnages notamment l'amour inavoué entre La Marquise et Le Comte.L'amour est au coeur de l'intrigue.
    - D'autre part, car c'est la scène qui déclenche du dénouement de l'intrigue.
   
Il est possible de faire un lien avec la scène II de l'acte II car cette scène est en parallèle avec notre étude, en effet il ya une longue conversation entre les deux valets : Lubin en profite pour avouer son amour à Lisette et la séduire.

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